Comment accueillir mes émotions ?
Comment arrêter la reproduction des samskaras ?
« Les samskaras qui furent accumulés surgissent.
Le domaine conditionné de l’esprit en est formé.
Si quelqu’un observe ce phénomène avec sagesse, il émergera de la souffrance.
Le Bouddha
Cité par Saya U Chit Tin
Stage Vipassana, Heddington U.K., 1983.
Selon le bouddhisme, l’esprit est fait de 2 parties : celle qui est formée des contenus mentaux et qui est conditionnée, et la conscience qui est indépendante et qui observe les contenus mentaux.
Une émotion de colère, d’envie, d’inquiétude prend-elle place en moi ?
Je peux me calmer en luttant pour ne pas y penser, en allant au cinéma pour me distraire ou en récitant des mantras afin de me concentrer sur autre chose que ce qui veut occuper mon esprit.
Ça marche, je me sens mieux, mais en surface seulement. Je ne peux pas me détendre complètement car je dois maintenir le contrôle. En effet, en profondeur, la tension demeure.
Je vais donc essayer la méditation. Je vais observer, par exemple, la colère.
Mais est-ce possible ?
Dès que je ferme les yeux pour l’observer, je me souviens de l’incident ou de la personne qui m’ont mis en colère. Très probablement, au bout d’un certain temps, vais-je soudain me rendre compte que je ne suis pas en train d’observer la colère mais en train de l’entretenir.
Je suis tout entier à ma colère. Je suis emporté, je bouillonne. Je la fais prospérer.
A partir d’une graine, je suis en train d’en produire de multiples.
La bonne méthode (pour le débutant en équanimité que je suis) est de me restreindre à l’observation de l’émotion sous son seul versant corporel : je demeure pleinement conscient des différentes sensations qu’elle installe en moi, dans le cas de la colère : l’accélération cardiaque et de pénibles crispations des épaules, des muscles de la mâchoire et du diaphragme.
Ainsi, je ressens en toute conscience et j’accepte mon état émotionnel, sans le rejeter, sans être emporté par lui et sans le cultiver.
Je m’exerce à ne pas réagir à ces sensations. Pour cela, je dois modifier des habitudes extrêmement anciennes. L’enracinement, la respiration profonde me sont d’un précieux secours.
Et bien, peu à peu, mon émotion va s’épuiser d’elle-même.
En effet, une graine ne peut se développer sans un bon arrosage. Jusque là, par ignorance et dépourvu de méthode, quand une graine voulait pousser, je l’arrosais, je la soignais.
Maintenant je laisse la graine (et le samskara) se dessécher.
En m’y prenant ainsi, je vais constater que, lors de conflits, je vais beaucoup moins longtemps que par le passé, entretenir ma rancœur, me répéter les mots qui m’ont blessé, brûler ou me désespérer.
Mon émotion va s’épuiser beaucoup plus vite, car je ne la cultive pas. Je suis plus disponible pour ma vraie vie, celle de maintenant.